Des petits pions, des petits pions, toujours des petits pions !

Des pions. Mais pas d’un échiquier. Là, au moins, certains y ont leurs spécificités. Ni de cours de récré, bien identifiés, parfois même écoutés. Non non, de simples pions. Sur un jeu des Petits Chevaux, où tout ferait l’affaire : un caillou, un bout de bois, une miette, que l’on colore vaguement pour l’identifier. Pas grand-chose à faire, il suffit d’avancer. Au gré des tirages de dés. Tourner en rond, vers un but inconnu. On a perdu les règles, elles doivent être restées dans l’ancienne boîte. Celle qu’on regrette toujours. Qu’on ne retrouvera jamais. Une grande boîte en carton, remplie de souvenirs, d’histoires passées dont on ne parle plus, d’odeurs déjà trop oubliées. Ça ne se transmet pas, une odeur, c’est peut-être là le malheur.

On les réécrira un jour, les règles, mais là, il faut jouer. Ah ça, c’est certain. S’il y a bien une chose qu’on sait, c’est qu’il est impensable de s’arrêter.

Homme à terre ! Marchons dessus. On ira plus haut. On trouvera bien d’autres volontaires. Non ? Oh. Curieux. Personne ne veut juste d’un salaire ? Comment, une mission ? Oh, ils nous gonflent avec leurs crises existentielles. Et puis quoi encore, un sens à la vie ? Ahah. Mais qu’ils partent s’ils ont envie ! On n’a pas besoin d’eux. Enfin, si, les prochains, on leur demandera de rester, promis. Sauf s’ils ont trop d’appétit. Faudrait pas qu’ils questionnent trop le sens de tout ça. Nous-même on ne sait pas.

Et puis, nous aussi on souffre, ok ? Pas désirables, pas attractifs, Machin va pas bien et Trucmuch en arrêt. Qui nous écoute, nous, qui nous regarde, qui nous demande comment on va ? À votre avis, pourquoi on est à ces postes-là ? Nos utopies oubliées, nos envies de prendre soin qu’on a dû ravaler. La violence du monde qu’on s’est pris comme claque tout petit, le manque de repères, le besoin de plaire, de reconnaissance d’un pair à défaut d’un père.

Mais ça on ne vous le dira pas. On vous dira quelque chose comme : « Regarde tout ce que je fais, vois comme je suis occupé. Tu crois que j’ai le temps pour toi ? Je vais faire semblant de l’avoir, mais je vais parler de moi. Tu crois que c’est facile, de jongler avec des effectifs, de penser les absents, de remplacer les remplaçants, de parler aux présents. » Au risque de s’attacher. Oh non, plus le temps. On en a fait les frais. Elle est passée, l’époque où on se connaissait bien. Faut qu’ça saute, faut qu’ça tourne, manquerait plus qu’on se mette à rêver, y’a pas le budget hein. On peut fournir des feuilles, des feutres, et parfois même du café. Libre à vous de les dessiner, vos rêves. Vous avez même le droit de remplir des fiches projets. Pas sûrs qu’ils soient acceptés. Ça serait surprenant. Ça n’est plus très courant. Mais faites, faites, ça va vous occuper, entre deux tirages de dés. Comment on cote ça comme activité, rêver ? Vous croyez que ça peut être financé ? Oh, je vais me renseigner.

Oh et puis formez-vous un peu, mais pas trop, ça coûte cher, ça fait des absents, et ça rend différents. Non, déformez-vous plutôt, quittez vos missions pour venir en aide à Machin, paraît qu’il va pas bien, j’en sais rien, moi, on ne me dit jamais rien.

Interchangeable. Anonyme. Autant faire de l’intérim, au moins y a des primes.

Tu en as fait les frais, collègue bien-aimé(e). Sauvé(e) de la déprime, par une envie d’ailleurs. Fleuriste, éleveur de chèvres dans le Pas-de-Calais, vendeur. N’importe quoi qui embellisse l’existence. Le sens viendra après : d’abord, se sauver.

Le travail est un compagnon de route. J’espère que ton prochain suivra le rythme de tes foulées, te fera voir de beaux paysages et s’intéressera à qui tu es. Je compte sur toi pour le quitter s’il te fait trop trébucher ou qu’il t’emmène sur le mauvais sentier.

N’importe où, n’importe qui. Juste avoir la sensation d’avoir un peu de prise sur la vie. Mais pas à n’importe quel prix.

[Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé serait la faute à pas d’chance.]

À toi, patient qui pleures

À toi, patient qui pleures 
Sais-tu qu’il en faut du courage, de se laisser aller. 
Que d’autres préfèrent la rage, plutôt que se livrer. 
Que ces larmes sont belles, et bienvenues ici. 
Que ces gouttes rebelles, sont un signe de vie. 
D’envie déçue, de rêves déchus. De valeurs violées, d’ego méprisé.
Un cri du cœur, un sanglot du corps.
Une tristesse, une peur, une souffrance de trop.
Pourquoi pleures-tu, pour qui pleures-tu, à la place de qui ? 
« Les larmes nous lavent de la souffrance et démasquent l’inconscient. »
Merci pour ta confiance, laisse place aux sentiments. 
Les mouchoirs sont là, ils n’attendent que toi.
Sers-toi, sers-toi, ne t’excuse pas. 
Car s’il y a bien un lieu où l’on peut « craquer » c’est ici.
Où peut-on pleurer si ça n’est chez le psy ?

Pédopsychiatrie : quelle idée.

Coucou mes lecteurs favoris ! Me revoici par ici. L’eusses-tu-cru ? Hé bien moi non plus !

Deux bébés plus tard, plein de dessins de Bubulle en retard, je reprends ma plume et viens me nicher bien confortablement entre ces pages pour y déposer quelques textes écrits tout récemment pour métaboliser les mouvements récents dans ma petite vie professionnelle. J’aurais probablement l’occasion de vous parler du fun induit par ma vie, de mes merveilleux enfants, du plaisir retrouvé à penser avec / pour / à mes nouveaux patients, de clinique, de psycho-psycha-psychopatho et j’en passe. Aujourd’hui, je vous livre un petit texte écrit juste avant mon retour au travail suite à mon deuxième congé parental.
Bonne lecture, cher journal intime virtuel public. A très vite, cette fois-ci !

Oh, mes collègues, quel drôle de métier nous faisons…
Se vouloir « artisan du bonheur » mais travailler en modelant la douleur,
Faire place à la souffrance, la violence, les peurs et les pleurs, pour un avenir hypothétiquement meilleur.
Mettre un terme aux suivis de patients bien-aimés,
Souhaiter ne jamais retrouver ici ceux qui nous ont parfois pourtant le plus touchés,
Se réjouir d’une séparation, d’un silence ou même d’un lapin,
Parce que « Merci mais nous n’en avons plus besoin », « tout va désormais très bien ».
Réorienter en libéral les situations où l’on pourrait se sentir plus facilement compétent,
Par manque de temps, parce que « pour celle-ci c’est pire, ils n’ont pas les moyens, c’est grave, c’est urgent. »
Et continuer inlassablement à accompagner des patients mal-aimés, mal-aimants,
Être des réceptacles de tous leurs sentiments.
Garder espoir pour les situations désespérantes,
Accepter les patients qui viennent sans trop de demande, malgré ceux qui s’impatientent sur la liste d’attente.
Recevoir des anciens patients suivis enfants, maintenant parents,
Qui nous amènent leurs enfants, timidement.
Voir apparaître des demandes pour la fratrie, les cousins, appréhender la récurrence d’un même nom,
Travailler dans l’espoir de mettre fin à la répétition, de préserver les futures générations.
Continuer de penser ces patients qui comptent sur nous,
Mais penser à ne pas trop dépenser, à être productifs, à compter les sous.
Aider à mettre en mots, à symboliser l’inexprimable, l’innommable,
Questionner pour faire émerger l’insoupçonnable.
Se faire chambouler dans nos tripes par des histoires de vie qui se disent librement,
Et chercher néanmoins à faire se manifester celles qui se taisent amèrement.
Connaître, être « sujet supposé savoir », mais rencontrer les patients avec émerveillement.
Être présent, soutenant, sans qu’ils ne deviennent dépendants.
Créer une alliance, être tendre et accueillant,
Pour risquer ultérieurement la défiance, oser tenir des propos peu séduisants.
Essayer de se sentir « suffisamment bon », sans entrer en compétition,
et être suffisamment fort pour se remettre régulièrement en question.
Oh, mes collègues, quel drôle de métier nous faisons…
Un métier insensé, un métier « de fou » ;
Mais un métier essentiel. Belle rentrée à tous.

Transmission endommagée : secousses institutionnelles.

Olah mes lecteurs ! Bah alors, ça fait longtemps !

Comment ça va par chez-vous ? Par ici, Bubullette a mis en stand-by ou ralenti certains pans de sa petite vie pour se consacrer à… euh… aux cadeaux de Noël, déjà… à des séances de « Bon sang qu’il fait froid c’est cuit je sors pas de chez moi », aussi… et à la rédaction, beaucoup ! Compte-rendus divers et variés de réunions / formations / bilans / et j’en passe. Bref, de la paperasserie, mais aussi quelques rêveries lorsque les mots l’emportent.

La revoici donc pour vous soumettre ses dernières réflexions en date, qui s’adressent surtout aux personnes prêtes à prendre leur petit baluchon plein de souvenirs et de « Voilà voilà… » pour partir à la retraite, et à celles qui viennent d’être recrutées et débarquent dans un monde inconnu avec leurs grosses valises remplies d’idéaux théoriques.


*Courte note introductive*

Si les transitions / passages dans nos petites vies (changement d’âge, de statut, …) ne sont pas toujours aisés et nécessitent bien souvent des rites, les transitions / passages des patients dans la vie de nos institutions de soin le sont encore moins.

Entre logiques managériales saugrenues (« Il a 12 ans, on n’en veut pl… enfin, on ne peut plus l’accompagner, désolés. »), passages nécessaires (d’un établissement à un autre plus adapté) mais qu’il faut soutenir corps et âme (commissions des « situations critiques de la Maison Départementale des Personnes Handicapées », réunions des « Equipes de Suivi de la Scolarisation », …) en se mouillant parfois trop, et paperasseries sans rêverie (dossiers MDPH, projet individuel, projet de groupe, fiche de fin de suivi, « guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation », questionnaires scolaires, …), la vie de toute l’équipe est souvent secouée par des mouvements de panique ou d’énervement produits par ces passages qui ne se font pas comme on l’aurait espéré.

Mais ces questions ne datent pas d’hier, et les politiques publiques tentent régulièrement d’inventer / modifier des tas de dispositifs pour « fluidifier le parcours du patient » en créant de « forts maillages territoriaux » (ololoh) à travers quelques mariages forcés (lorsque l’institution n’a pas anticipé le Schmilblick pour se trouver elle-même un partenaire de choix) : rapprochements entre établissements (« Groupements Hospitaliers de Territoire », plate-formes de concertation diverses et variées), projets personnalisés uniques entre tous pour un même enfant, personnes coordinateurs du parcours de l’enfant, harmonisation du système de communication de l’enfant (sans quoi le gnome apprend du chinois – ex : pictogrammes – à un endroit, puis se retrouve deux ans plus tard avec des adultes lui parlant italien – ex : langue des signes -)…

En revanche, il y a un sujet dont personne ne parle, mais qui secoue tout autant : les changements… de collègues ! Hé ouais. Départs en retraite, arrivées de nouveaux, mutations internes ; si les rites de passages de type « pots de de départ » sont possibles et permettent à Bubullette de se goinfrer (rappelez-vous), ces modifications ne laissent personne indifférent. Sauf qu’il faut souvent beauuucoup de temps pour pouvoir en dire quelque chose. Certaines équipes parviennent à unir arrivants/présents/sortants autour de projets communs (et là, Bubullette bouillonne d’allégresse), mais c’est bien souvent sur le mode de l’affrontement et des clans que chacun parvient à retrouver un semblant d’équilibre personnel, au détriment de l’aspect « équipe ». Et ça, Bubullette, ça l’énerve. Beaucoup. Parce que c’est jamais trop la joie. Alors qu’une embauche, c’est censé humer bon la fraîcheur, les idées nouvelles, la motivation, … !

Mais comme la vie est plutôt bien faite, Bubulle a lancé les discussions d’un groupe de réflexions en santé où va aussi Bubullette sur le thème de « la transmission ». L’occasion de repenser les conflits inter-générationnels sous un angle nouveau, et peut-être moins culpabilisateur. Et l’occasion de pondre un texte « projectif », pour que tout un chacun puisse s’y retrouver, ou pas du tout, mais au moins prendre position, et penser.

*fin de la courte note introductive qu’est presque plus longue que le texte*


*Le texte*

Si tu veux m’enseigner, dis moi d’abord qui tu es.

Ça s’en va et ça ne revient pas, ainsi est faite la vie de toute institution. Des flots de jeunots fraîchement diplômés viennent, par vagues, remplacer les anciens. Accueillis dans un premier temps à bras ouverts par leurs aînés, les jeunes mousses prennent peu à peu leurs marques, leurs aises dans le navire et la cohabitation peut vite devenir dérangeante. Les jeunes recrues dé-rangent en effet l’ordre établi, chamboulent les habitudes, parfois par leurs questions (« Euh, pourquoi tu fais comme ça ? »), parfois par leur absence de question (« Non mais tu vois, moi j’ai appris que… »).

Leur simple présence fait souvent resurgir des souvenirs enfouis des camarades ayant rejoint la terre ferme. Nostalgie, mémoires joyeuses d’un temps passé et autres « c’était mieux avant » sont présents à toutes les lèvres, avec plus ou moins de ressentiment envers celui qui, de son côté, aimerait que l’on débarrasse un peu sa paillasse des affaires de son prédécesseur pour pouvoir s’y faire une petite place pour la nuit. Personne n’ose remplacer les noms sur les portes des cabines, de peur de trahir la mémoire de ces bon vieux compères partis toujours trop tôt, souvent, pourtant, par choix. Personne n’ose identifier ce qu’il se joue dans ce renouveau. Personne n’ose expliquer au jeune mousse qu’il faut du temps aux membres plus anciens pour l’accepter, et qu’il lui faudra de la patience pour se sentir pleinement exister à leur yeux, intégré.

Intégré. Mais le souhaite-t-il vraiment ? N’est-ce pas là risqué, d’intégrer une équipe lorsque, comme tout jeune de nos jours, il ne s’imagine pas forcément y rester toute sa vie ? Peut-il encore se sentir libre de descendre à la prochaine escale s’il noue trop de liens avec l’équipage, s’il s’inscrit trop dans son histoire ? Ne risque-t-il pas son intégrité à être trop intégré ? Car là semble résider une difficulté de cette génération, celle de pouvoir, de vouloir s’attacher, s’enraciner. Or sans racine, il paraît difficile de se laisser abreuver.

Pourtant, pour pouvoir être formée, la jeune recrue se doit de montrer patte blanche à ses « pas-encore-semblables », porter le même uniforme, s’inscrire dans leurs rites, leurs traditions, démontrer une volonté d’appartenance, même si celle-ci pourrait être de courte durée.

Car si elle ne perçoit pas suffisamment cette envie, l’équipe, le terreau lui-même, peut être hostile. Il est fréquent d’entendre « J’ai vingt/trente/quarante ans de bouteille / j’ai eu la formation moi / je sais ce que je dis / ce n’est pas toi qui vas m’apprendre à… ». Transmettre, ce n’est pas toujours gagnant-gagnant. Transmettre, c’est prendre le risque de s’offrir à l’autre. C’est accepter la possibilité de ne pas être compris comme on l’aurait souhaité, de se faire chambouler dans ses certitudes. C’est risquer la rencontre, rencontre de deux mondes souvent d’autant plus différents qu’ils n’ont pas le même âge, pas la même culture, pas les mêmes références, pas le même rapport au savoir et à la transmission elle-même. Transmettre, c’est s’exposer. C’est risquer d’être critiqué sur sa manière de faire, ses idées, risquer de fragiliser une identité professionnelle qui peut déjà l’être en profondeur par l’approche de cet avenir opaque qu’est la retraite.

D’un côté, les nouveaux tournés vers l’avenir (« Dîtes, ça vous dit qu’on… »), de l’autre, les anciens tournés vers le passé (« Ouais non, ça on avait déjà essayé ça n’a pas marché. »). Comment la greffe peut-elle prendre ainsi ? Comment peut-on se rencontrer dans l’ici, le maintenant, écrire un bout d’histoire avec les personnes en présence ?

Peut-être faudrait-il faire tomber les masques. Car l’information, aussi simple soit-elle, n’est jamais brute. Elle est le fruit d’une réflexion, de l’ingestion d’une donnée factuelle par une personne, de sa digestion, de son tri (« J’aime bien cette théorie, mais par contre… »), d’une prise de position. La transmission de l’information n’est pas comparable à la transmission du témoin dans une course de relais. On ne « transmet pas le flambeau » si facilement. La transmission a une fonction : amener à faire de même, ou à ne pas faire les mêmes erreurs, transmettre des valeurs, des idéaux, se sentir reconnu, écouté, voire admiré. Or, si la donnée brute peut être aisément transmise, son contenu tacite ne suit pas toujours, amenant des discordes, poussant à rejeter sur autrui la mésentente, à scinder « jeunes irrespectueux » et « anciens rigides », et à renforcer les positions des uns et des autres.

La transmission implique une mise à nue, ou du moins une identification de la place à partir de laquelle on échange. « Je pense qu’il faudrait … parce que selon moi… ». Selon toi. Toi qui ? Toi le membre de l’équipage : « Chez nous on fait comme ça. », toi qui as perdu un ami lors du dernier débarquement : « Lui, il faisait comme ça. », toi qui tiens mordicus à tes représentations : « Un soignant doit faire comme ça. », toi qui sens que ton tour de descendre approche, et souhaite laisser une trace : « J’aimerais que vous fassiez comme moi. », … ?

S’il peut être facile de transmettre ce que l’on sait, il n’est pas aisé pour tout le monde de transmettre ce que l’on est. Pourtant, l’un va difficilement sans l’autre. Et si l’on commençait par se raconter l’histoire, la notre, celle du service, « au coin du feu » (aka « pause café-cigarette ») ?

*fin du texte*


Texte qui va être médité/critiqué demain par ces messieurs les pontes de la médecine, et sera proposé aux soignants dans le cadre d’une prochaine réunion institutionnelle. Juste pour pouvoir entendre « Non non, nous on n’a pas de problème avec la transmission. » (longue vie à la méthode Coué !).

« Voilà voilà… » (pose sa grosse valise et va se faire un café)

Alors alors, t’as ta robe ? :D

Olah mes lecteurs !

J’espère que tout va bien par chez-vous ! Côté Bubullette la rentrée s’est bien passée (bien que les vacances se fassent déjà désirer et que, comme chaque année, les jours se raccourcissent cruellement donnant l’impression d’être un gros clubeur dès lors que l’on a une vie passé 18 heures), et le mariage s’organise peu à peu. Je vous ai épargné les épisodes 2, 3 et 4 relatifs à la salle (qui font que l’on n’a plus une salle… mais deux, boum), l’épisode 5 (photographe : choisie au coup de cœur), et tous les épisodes de « scrolling » compulsifs et répétitifs sur LeBonCoin / ebay / Etsy avec les 3-4 mêmes termes de recherche pour trouver des éléments de décoration correspondant à nos envies très particulières.

Mais s’il y a un épisode que je ne peux vous taire, c’est celui des essayages de ROBES. Oui ! Ça non plus, personne n’en parle. Enfin, si, mais on vous ment un peu.

Contrairement à tout ce qu’on peut lire, pour Bubullette, l’essayage de robes de mariées correspondait à une étape assez étrange. Parce que si l’aspect « pénible et stressant » de la recherche effrénée de SALLES peut être compréhensible pour les non-futurs-mariés qui vous entourent, dès lors qu’il s’agit de la ROBE, la démarche de recherche (qui reste pourtant la même) se transforme en ce qu’ils imaginent être « LE moment le plus GÉ-NIAL de toute votre petite vie de fiancée » : « Ooooh, tu vas pouvoir te transformer en princesse ! *regard qui pétille* », « J’aimerais tellement être à ta place ! », « Je te verrais bien avec ce type de robe. », « Moi si j’étais toi, je… » … BWAAAAAH ! Entre les envies de relooking des unes, les projections des autres, les articles expliquant comment se « préparer physiquement à cette grande étape », ceux témoignant de « ô combien les vendeuses de robes sont vilaines et arrogantes », le fait que vous allez quand même essayer des robes qui coûtent un bras (voire deux parfois), et que ça rend le Schmilblick encore plus concret… Bubullette a beau être entourée de gens bons et d’amis bienveillants, elle a néanmoins repoussé pendant pas mal de temps le début des essayages.

Sauf qu’à un moment, plus le choix, soit tu y vas, soit tu te maries en chemise de nuit. Parce qu’il faut déjà un bon mois pour faire les essayages (voire plus si vous travaillez de très tôt à très tard : les samedis, certaines boutiques sont ouvertes au public mais d’autres fonctionnent uniquement sur RDV, avec parfois tous les créneaux de pris sur un mois ½), une bonne semaine pour réfléchir à votre vie / faire le deuil de toutes les robes que vous n’adopterez pas / discuter avec votre banquier / lancer une collecte de fonds / … ; et n’allez pas croire qu’une fois la robe réessayée validée et achetée elle est très vite à votre disposition, non non non : achat → commande à votre taille en 4 mois (sauf si vous être grande comme Bubullette auquel cas ça peut aller « jusqu’à 6 mois pour avoir une longueur spéciale ») → 2-3 mois pour les retouches finales ==> Le processus allant de « Allez ok, je vais me bouger pour acheter ma robe. » à « J’ai ma roooobe ! » peut durer dans les 6-8 mois… ! Gasp…

Mais bon, pour Bubullette, c’est chose faite ! Armée de son courage, de deux de ses témouines et de sa môman (merci Mesdames), Bubullette a sillonné sa ville natale en quête de « LA robe » qui trouverait grâce à ses yeux. 4 boutiques différentes, seulement 2 valables en termes de qualité, et un FLORILEGE de moments loufoques, improbables ou aberrants.

L’accueil, déjà, est très variable d’une boutique à l’autre : il peut aller du « Dîtes-nous tout ce que vous aimez ou non et on regardera ensemble l’intégralité de notre magasin. » au « Tenez, ça c’est le catalogue, vous feuilletez, vous en choisissez trois, et on vous les apporte, allez salut à tout à l’heure. ».

Puis vient ce moment où votre enthousiasme de future mariée est mis à rude épreuve par le quasi-médical « A poil, on n’a pas toute la journée devant nous. » :

accueil

(Enfin, parfois si apparemment…)

accueil (3)

accueil (2).jpg

Et puis, mesdames, je vais me permettre de lever le voile (ohoh, voile, mariage, oh, allez, si, ok…) sur les dessous de la mariée. Parce que tout le monde s’imagine que la mariée est ma-gni-fique de la tête au pied, mais en réalité, sous la robe, il y a un monde ! Un monde fait de trucs « pour donner du volume » et d’autres trucs « pour ôter du volume » sans oublier les trucs « pour maintenir le tout en place »…

Dessous

… Même si certaines boutiques ne se donnent pas autant de mal pour vous faire vous sentir belle :

Dessous (2)

Dessous (3).jpg

Et après l’enfilage (ou non) de l’attirail, vient le moment non moins magique de l’enfilage de la robe… Tout un art ! Vraiment !

Mouv

Mouv (2)

Une sorte de re-naissance… précédée par l’impression d’avoir été happée par le colon d’un gros animal très propre un système innovant d’évacuation en cas d’incendie (instant culture, c’est ici : clic). Bref, vous imaginez la sensation !

Ça y est, vous êtes dedans, joie dans les cœurs, « Waouuuuh ! », « Sympa ! » et autres « J’aime pas. » de votre team d’accompagnement, début de projection au jour-J, larmichette. Et défilé. Sauf que ça non plus, c’est pas gagné ! Parce qu’en plus, il faut apprivoiser la (peau de) bête :

Conseil

Le reste de l’expérience dépend énormément des vendeuses que vous allez rencontrer. Entre celles qui ne connaissent pas trop trop trop leurs produits :

Connaissance (2)

Connaissance

et qui sont prêtes à soutenir toutes les idées que vos témouines vous suggèrent ;

celles qui aiment un peu trop leur produit et perçoivent toute remarque comme un affront impardonnable (alors que Bubullette y mettait énormément les formes, pour une fois !) :

Produit

celles qui n’ont aucun humour :

Humour

ou un peu trop :

Humour (2)

celles qui mettent le paquet pour que vous achetiez :

Choix

Choix (2)

Choix (3)

Choix (4).jpg

Choix (5)

mais savent mieux que vous ce que vous voulez au-dedans-de-vous-même :

Choix (6)

entre les rabat-joie des photos :

Photo

Photo (2)

et les rabat-joie de l’amouuur (dans des boutiques de robes de mariées, parfaitement) :

Conseil (2)

… vous pouvez avoir de tout ! Parce que chaque boutique a son histoire, que chaque vendeuse a son histoire, et que, comme partout, c’est une question de rencontre. Voilà. Mais quoi qu’il en soit, futures mariées, les essayages de robes sont quand même un très bon moment (surtout quand votre team d’essayage est prête à vous voir vous tâter physiquement et psychologiquement pendant une heure avec une seule robe sur le dos « parce que vous êtes pas vraiiiment sûre » : « Y’a un fil qui dépasse de là, et un truc qui pendouille d’ici, aaah, mais elle est jolie, mais… Peut-être avec un autre jupon ? Ou bien est-ce qu’elle n’est pas assez serrée ? On peut mettre des épingles à couture pour voir comment ça ferait ? Et… Attendez, peut-être que dans ce miroir-là ça rendra différemment. Ah bah non. Mmmh… Cruel dilemme. En même temps elle tourne bien, quand même. Et on s’y sent bien. Je peux grossir encore ou c’est régime ? Parce que le stress, tout ça, je vais beaucoup manger hein. Ah mais le drapé ne retombe pas super bien après que j’ai fait n’importe quoi avec. Non, je veux pouvoir faire n’importe quoi avec ma robe moi. Vous en pensez quoi ? Je peux y réfléchir et re-re-venir ? »), donc amusez-vous !

Et quoi qu’il se passe comme interaction désagréable avec les vendeuses (parce que oui, il y en aura sûrement, même s’il y en a des très bien aussi), rappelez-vous que la vendeuse n’est pas vendue avec la robe, VOTRE robe, pas celle de la vilaine dame. Non mais.

Bague au doigt : les premiers pas.

Et et et… : Bubullette va se marier : yeah baby !!! ❤

Bon, rassurez-vous, ce blog n’a pas vocation à devenir un blog « Life-style-wedding-tips », mais comme ça va quand même faire partie des réalités de Bubullette pour une année, vous allez potentiellement en entendre quand même parler !

Une amie m’a récemment dit « Mais une fois que t’es fiancé(e), tu fais quoi, concrètement ? ». Bonne question ! Parce que ça, personne n’en parle… Pour Bubullette, ça a été une alternance de « Youhouuuuu ! », « Oh mon D… », « YEAH ! », « Baaaaaah ! », « C’est trop géniaaaal ! ». Entre petit nuage post demande d’épousailles, retour brutal au boulot, joie +++ de level-uper dans sa relation avec Bubulle et flip +++ de devoir tout organiser. Et quand je dis « tout », voyez-y « trop plein de trucs » ! Parce que oui, l’organisation d’un mariage, c’est quand même un sacré foutoir. Un petit tour sur internet et l’on se rend compte de l’étendue des travaux, et que ça ne va pas être de tout repos. Mais, futur(e) marié(e), je vais te dire la même chose que je me suis dite en reprenant mes esprits : tu as UN AN pour tout organiser (sauf si t’es joueur), UN AN ! C’est laaaargement suffisant. Si si. On y croit. *essaye de se rassurer*

Saison 1, épisode 1 : LA SALLE

Bubullette (et Bubulle) ont des familles qui se sont mariées, des amis qui se sont mariés (oui, ça existe encore), et une connexion internet illimitée permettant de Pinterest-er compulsivement (meilleur anxiolytique des futures mariées !). On savait (grâce à tout ça) que l’étape n°1 était la salle. Sauf que, ahah, … :

– le choix de la salle dépend du nombre d’invités qui pourront être présents
– le nombre d’invités pouvant être présents dépend de la date du mariage
– la date du mariage dépend des disponibilités de la salle, choisie en fonction du nombre d’invités
– le nombre d’invités invités dépend du prix du traiteur
– le prix du traiteur dépend du traiteur partenaire de la salle
– il faut s’y prendre un an avant pour avoir une salle disponible (comptez un an ½ si vous voulez LA salle ou LA date. Quand même. On a visité une salle qui est déjà prise « tous les w-e de avril à octobre l’an prochain. » C’est limite s’il faut réserver la salle avant de rencontrer le futur mari…. Pour nous c’était où l’on pouvait quand on pouvait dans environ un an « à une vache près, c’est pas une science exacte ».), qui réponde un minimum aux critères recherchés (un château endroit sympathique mais pas trop cher, proche de l’église où l’on se mariera, avec de la verdure, et de la nature, et de l’eau, mais pas trop d’eau parce que il y aura des enfants, sauf s’ils ne peuvent pas venir à cause de la date, qui dépend de la salle, qui dépend du nombre d’invités).
– sans oublier d’ajouter dans l’équation une Coupe du Monde qui vient se caler juste sur la saison prochaine des mariages, et vous avez un bon combo par-fait pour faire paniquer une future mariée. Vous le sentez, le « Baaaaah ! » ? Mais un mariage, ça se fait à deux, et l’Homme gère vachement (et nourrit Bubullette de cacahuètes) donc ça va nettement mieux !

Trêves de jérémiades, parlons concrètement. Pour les futurs mariés qui passent par ici (félicitations l’ami(e) !), voici une idée des premières actions que nous avons faites, et qu’il nous est paru logique de faire en premier, ainsi que quelques conseils. Si vous n’avez pas prévu de vous marier dans l’année, vous pouvez passer votre chemin sans quoi votre lecture se transformera vite en « Blablabla. Blabla. Y’a trop d’mots. » 😉

1) Regarder les salles existantes dans la région.

– De nombreux sites (type « 1001salles ») recensent les salles les plus connues. Pour celles-ci, n’hésitez pas à faire un saut sur leur propre site pour avoir une idée des prix / services / ambiance.
– N’hésitez pas non plus à regarder sur les sites de photographes (recherche simple sur google avec les termes « *nom de la salle* + photographe »), qui donnent une idée des salles une fois décorées (Bubullette a éliminé une salle parce que tous les mariages qui y ont eu lieu se ressemblaient, sans possibilité de personnalisation.).
– Les forums (« mariage.net » par exemple) sont également de bonnes sources d’informations, plus vraies, de questionnements et de « Oui mais cet élément nous fait douter. », d’avis de futurs / anciens mariés.
– Les sites d’avis / notations (type « Tripadvisor ») sont parfois intéressants, notamment lorsque la salle fait partie d’un hôtel, d’un château : de simples visiteurs d’une nuit peuvent fournir des éléments importants sur la personnalité / rigidité des propriétaires.
– Pour trouver des salles peu connues, il est également possible de faire le tour des sites / pages Fb des photographes de mariage / traiteurs / wedding-planers / fleuristes de la région, dans l’espoir d’y trouver une pépite pas encore trop prisée (les avantages de la mode du cumul de #hashtags et de la géolocalisation à outrance !) :
mariage 2
– Partez en vrille !! Bubullette a pensé privatiser tellement de lieux absurdes (et a compris que l’argent ouvrait beaucoup de portes en ce bas-monde. Discrimination ! Société de consommation !) … et a passé tellement de temps sur Google Maps pour trouver de petits endroits de verdure dans la ville, et regarder s’il y avait une battisse à côté, et si elle pouvait éventuellement être louée…
– Enfin, et clairement le plus rentable : les relations ! Comme pour trouver un boulot, les avis d’amis / d’amis-d’amis / de collègues / de cousin Hubert ou tonton Gérard peuvent être de bonnes pistes. Ce qui nous amène à l’étape 2 :

2) Annoncer ses fiançailles.

Comme vous voulez à qui vous voulez de la façon dont vous voulez. Mais plus de gens sont au courant, plus de gens veulent être invités peuvent vous aider 🙂
Bubullette a des ami(e)s qui lui ont fait des retours concernant des salles pour leur propre mariage, ou pour le mariage de leurs amis : et hop, elle sait maintenant que les invités ont été bien accueillis à un endroit, et qu’il existe une salle de l’autre côté de la frontière, et une usine désaffectée réaffectée, etc… Elle a même eu un long et sympathique échange téléphonique avec une Leboncoin-tiste qui vendait des décos de mariage, donc s’est mariée il y a peu, donc connaît pas mal de salles actuelles dans la région. Héhé.

3) Dresser une pré-liste d’invités.

Vous l’avez compris, le choix de la salle dépend du nombre d’invités. Il vous faut donc dresser une liste d’invités, et inciter vos parents respectifs à le faire également (si autorisés à inviter), pour avoir une idée générale. Renseignez-vous auprès de ceux que vous voulez vraiment vraiment voir (famille, témoins, …) pour savoir si une date pourrait ne pas leur convenir sur la période où vous souhaitez vous marier. Établir une pré-liste d’invités a aussi certains avantages, comme de commencer à parler des modalités de financements avec la famille (qui paye quoi pour qui), ou encore d’éviter d’être trop pris dans l’affectif, le contre-don, les conversations absurdes type « Elle a fait tellement pour notre mariage, elle mériterait qu’on l’invite au repas non ? – Non chérie, tu n’inviteras pas l’hôtesse de caisse de Liddle à notre mariage, pas même si elle t’a fait une réduc’ sur des plantes vertes pour notre déco. ».

4) Appeler les salles.

Commencez par leur demander s’il leur reste des disponibilités, histoire d’être rapidement fixés, puis programmez des visites dès que possible.

5) Préparer vos questions.

Avant la visite, pensez à préparer les questions importantes pour pouvoir vous projeter au mieux. Je vous mets ici (clic !) notre liste à nous pour les salles. Et parce que l’on a aussi visité des restaurants, voici une liste spéciale restau : clic !. Au passage, bon plan, le restau. Cela évite de devoir trouver un traiteur, et rassure d’emblée sur des questions basiques et organisationnelles telles que « Qui installe les tables ? Et le micro ? Et l’écran géant ? ». Parce que ce que l’on ne vous dit pas, c’est que beaucoup de travail peut être fait par vos prestataires, et pour cela, il faut le leur demander, et pour ça, les avoir. Sauf que généralement, vous ne les avez pas avant la salle. Donc difficile de signer pour une salle disponible le jour J à midi sans savoir si vous aurez des petits elfes à votre merci  un coup de main de la part de quelqu’un. Le restaurant vous permet donc d’avoir face à vous le combo « salle + traiteur », donc de poser deux fois plus de questions, et de se projeter deux fois plus facilement ! 🙂

6) Visitez

En voiture Simone ! N’hésitez pas à visiter plein de lieux, même hors de prix, pour savoir ce que vous souhaiteriez pour votre mariage. Tous les deux. Discutez, beaucoup, mettez vous d’accord sur ce qui vous tient à cœur ou non, sur les points sur lesquels vous pourriez faire des concessions (prix, distance, taille de la salle, nombre d’invités, …), sur vos ressentis par rapport à celles visitées, les points que vous avez trouvé négatifs (pour Bubullette, ça a été les routes à 90km/h, le manque total de charme de l’une, l’accueil qui nous a été réservé, les trèèèès hauts plafonds d’une autre…). Et attendez un peu que le charme opère ! Un bon rêve plus tard, peut-être est-ce la bonne. Prenez (un peu) votre temps, ne vous précipitez pas (trop). C’est comme pour le boulot, tout se joue parfois à une rencontre… !

7) Et après ?

Si vous parvenez à trouver une salle, et que vous souhaitez vous marier à l’église, assurez-vous de la disponibilité du prêtre et de l’église, ainsi que de vos invités avant de valider votre réservation. Autrement, vous pouvez vous détendre pendant quelques semaines, avant de continuer les recherches effrénées de traiteur / déco / robe / DJ / … COURAGE !!

mariage

Licornes, paillettes et Bubullette.

Paraît que je suis sympa. Au boulot. Rien que ça. Et que je ne râle même pas. Pas trop. Au boulot. Je n’en avais pas conscience jusqu’à un matin où, fatiguée, j’ai lâché un « Humpf… » à une collègue qui s’est empressée de questionner d’autres collègues sur la raison de mon humpfage, parce qu’en général « Elle ne râle jamais, elle est toujours au taquet, alors là, tu vois… ». Et que les autres collègues ne lui ont pas rétorqué « Elle ? Toujours au taquet ? Attends, on parle bien de Bubullette ? Ahah, « toujours au taquet », ahahah ! » (Yopla, pudeur et pseudo-anonymat oblige, je remets Bubullette en scène).

Après analyse, il est vrai que Bubullette est fan de post-its-positifs laissés à droite à gauche, de chansons entraînantes, de petits pas de danse, de « OK, viens on va en parler. », de trafics de « gâteaux de requinquage » (longue vie aux Schokob… petits-œufs-en-chocolat-avec-un-cœur-au-lait-fondant-et-des-éclats-de-noisettes-croquantes !), de rires et de joie dans les cœurs. Elle aime les gens, elle aime la vie, et elle essaye de ne pas trop toujours râlouiller quand ça lui est possible.

Malheureusement, la fatigue, la charge de travail (projets divers – plutôt chouettes, on en reparlera peut-être -, audits internes obligeant à faire un peu n’importe quoi sur le moment parce qu’il faut du temps pour arriver à rassembler les documents pour prouver qu’on fait tout dans les clous en général sauf en ce moment), les pauses déjeuner qui n’en sont plus vraiment (« T’as vu le programme d’Untel ? Non mais attend, faut vraiment être c*n pour vouloir voter pour lui quoi ! »), le café trop froid (pour éviter le malaise du « Euuuh, oui, faut vraiment être c*n, huhu… »), les chocolats qui fondent (sauf quand ils tombent dans le café, qui est trop froid, à cause de M. Fillon et M. Mélenchon, merci les gars !), … n’aidant pas, il est difficile de maintenir le cap du hippie-style. A cela s’ajoute une culture institutionnelle de plus en plus tournée vers des « objectifs-cibles », des « enjeux de performances », des « Dis-moi un peu ce que tu fais pour qu’on voit si on ne peut pas te rajouter du travail t’aider à le faire mieux. », et les risques de « Humpf… » s’accroissent inexorablement.

Bubullette n’y coupe malheureusement pas, et, si elle essaye néanmoins de modérer ses propos, d’arrondir les angles, de mettre des papillons dans sa voix ou de rester un chouilla en dehors des conflits interpersonnels, il est clair que les « OK, viens on va en parler. » se font de plus en plus rares, et qu’elle distribue davantage les gâteaux de requinquage comme des cachetons-anxiolytico-placebos et non plus comme des petits-gateaux-de-mamie-kiki.

Mais parce que cela ne la satisfait pas, Bubullette a tenté d’instaurer d’autres solutions, plus extérieures à elle et n’impactant pas sur son temps de travail, afin de rebooster le moral des troupes. Il y a belle lurette, elle avait pensé lancer l’idée d’un carnet type « Livre d’or du CMP » (centre médico-psychologique, là où elle travaille), dans lequel tout un chacun aurait pu inscrire ses instants coup-de-coeur, comme celui que je vous avais raconté ici. Mais finalement non. Elle avait fini par se dire que l’expression libre ne pourrait pas convenir à tous, et que bien que les collègues soient majoritairement de sexe féminin (bouuuh, qu’est-ce qu’elle va encore insinuyer ?), tout le monde n’adhèrerait pas au fait d’écrire dans un journal-intime-public. Et puis, pour avoir pu instaurer d’autres dispositifs, elle sait que le délai avant que les collègues en voient l’usage peut être très long, et avoir un livre d’or qui demeure vierge au fil du temps peut miner encore plus l’ambiance. Et l’ambiance s’était naturellement apaisée.

Et puis, un jour, les hauts responsables ont décidé de former tous les professionnels de l’institution à un tout-nouveau-tout-beau logiciel permettant de déclarer, à tout moment en 3 clics et depuis tout ordinateur, le moindre cheveu dans la soupe / grain de sable dans l’engrenage / la moindre cou… bref, le moindre « événement indésirable ». Un (attention accrochez-vous) « logiciel de workflow pour informatiser le circuit de création et de mise à jour des fiches de risque, proposant une solution parfaitement opérationnelle de gestion des risques, mais également une plate-forme de gestion de workflows qui permettra d’implémenter en fonction des besoins tout autre type de workflow. ». Quand je dis « WORK ! », vous répondez « FLOW ! », c’est parti : « WORK ! », … « WORK ! », … wouhou ? Y’a quelqu’un ? Brrrr, les jargons et anglicismes managériaux, quelle horreur… Ça me rappelle une mission événementielle avec un chef de projet qui souhaitait des « news de nos fichiers de reporting : photos de nous en train de flyer des étudiants et d’étudiants qui lisent les flys en amphi, évents Facebook, … ». M’enfin, j’peux pas comprendre, je suis une provinciale.

Trêve de digressions. Tout le monde a donc été formé à ce logiciel, permettant de déclarer des problèmes. Or Bubullette a un chouette collègue avec qui elle fait des thérapies familiales, collègue qui s’efforce à ce que les entretiens soient portés non pas sur les problèmes (« Ok, vous souhaitez lui mettre un coup sec derrière la nuque… ») mais sur les solutions (« … mais qu’est-ce qui vous en a retenu, jusqu’à présent ? »). Ce positionnement collèguial allant dans le sens du hippie-style Bubullesque, elle s’est dit (en ronchonnant un peu parce que quand même ça lui arrive) : « prendre en compte les trucs qui n’vont pas, c’est une chose, mais s’agirait aussi d’arriver à se réjouir dans la durée des trucs qui vont bien… ». Elle a donc proposé aux équipes une version gentiment parodique de ce tout-nouveau-tout-beau logiciel afin qu’ils puissent déclarer, à tout moment en 3 croix et sans avoir besoin d’ordinateur, le moindre événement « désirable ».

Ça se présente sous la forme d’un classeur basique ayant pour titre :

« Innov : le logiciel papier classeur de recueil des événements désirables. »

avec comme texte introductif (plein de mots) :

texte postiv

et regroupant plusieurs fiches vierges prêtes à être remplies (que je ne vous mets pas en entier pour des raisons de propriété intellectuelle – captures d’écran du logiciel retouchées avec positivisme – mais en gros ça ressemble à ça) :

ex fiche 2

Et… n’arrivant pas à trouver une fin qui claque à cet article, je vais finir sur « Voili voilou ! ».

Et vous, comment arrivez/essayez-vous d’instaurer une culture de « joie professionnelle » sur vos lieux de travail (mis à part à travers l’alcool et les licornes, c’est interdit par ici) ? 🙂

Mais que fait l’éducation positive ? : retours.

Ca y est, on l’a fait, plus de 1000 partages sur Facebook pour le dernier article de Bubullette !

1000-partages

Bon, elle se doute que tous ne sont pas en sa faveur, mais merci de l’avoir fait voyager (et réviser apprendre découvrir sa géographie) !

pays

Peut-être qu’une suite viendra, peut-être pas, mais pour l’instant Bubullette met ce sujet en stand-by du fait de beaucoup de boulot et pleiiiin de projets nettement plus concrets que « Peut-on dire « NON ! » sèchement à son enfant sans en faire un traumatisé-de-la-vie ? » ou encore « En quoi la peur fait-elle partie intégrante du développement de l’enfant et vouloir l’abolir à tout prix c’est s’asseoir -avec entrain et en prenant beaucoup d’élan- sur la psychologie de l’enfant. » (ah, ah non, ça on n’en a pas encore parlé, spoiler alerte !).

Il est possible que les prochains billets concernent :
– une proposition de démarche d’évaluation de la douleur chez les enfants « autistes »
– des idées de jeux pour les enfants dits « hyperactifs »
Ou pas. On verra !

Merci à tous pour vos échanges, qui ont ouvert de nouvelles pistes de réflexion, dont certaines intéressantes, d’autres questionnantes, d’autres… intrigantes.

traumatisme

irm

Cyniquement vôtre (mais juste pour cette fois, autrement elle est vraiment sympa),

Bubullette

Mais que fait l’éducation positive ?

« Non, mais juste NON quoi… *soupirs* ». Voilà, en ces mots, l’état d’esprit de Bubullette lorsqu’elle finit l’un ou l’autre article sur (achtung, sujet tabou à ne surtout pas dénigrer ouloulouh) : l’éducation/la parentalité positive-créative-consciente-bienveillante-et-non-violente.

Pour des raisons inconnues jusqu’alors, Bubullette a toujours eu une réaction épidermique à la simple vue des termes « éducation bienveillante » et tous leurs dérivés. Alors elle a décidé d’analyser de plus près la chose, en rejoignant une petite quinzaine de groupes Fb allant dans ce sens et en étudiant pendant 4 mois les publications qui y étaient partagées.

Histoire de poser le décor :
Bubullette rencontre souvent des jeunes parents en difficulté sur la question éducative, souvent parce qu’ils se rendent compte que leur enfant ne réagit pas de la même façon que ceux à la sortie de l’école, que celui de la voisine de pallier, ou même que ses frères et sœurs. Parfois (chez nous, pédopsychiatrie oblige) parce qu’il a un réel trouble réellement acté, mais parfois parce qu’il est « juste » différent, qu’il est « juste » né à une période différente de leur existence, et qu’il faut « juste » s’adapter davantage à sa façon d’être.

Bubullette a constaté que les parents sont très fréquemment mis à mal par leurs questionnements, et recherchent des recettes éducatives toutes faites, non pas parce qu’ils ne sont pas en mesure d’en trouver par eux-même, mais parce qu’ils ont peur d’être de mauvais parents, qu’ils ne se sentent jamais parfaits, qu’ils veulent qu’on valide, nous professionnels, leur façon de faire. Souvent, ils évoquent timidement leurs actions éducatives, de peur d’être mal perçus, à travers des phrases paradoxales type « Oui oui, on l’a mis dans sa chambre, ça a marché, il s’est calmé, mais on ne le refera plus hein ! …». Bah pourquoi ? Va falloir m’expliquer là, ça a marché mais vous ne recommencerez plus ? « … On sait que ça n’est pas bien. ». Ah ? Ah. Oh…  

Alors ils lisent, ils cherchent à se rassurer. Bon, regarder un poste doctissimo quand bébé ne fait pas ses nuits, c’est une chose, ça rassure, on se dit « Oh bah ça va, y’en a d’autres qu’ont vécu ça. ». Là où ça devient réellement agaçant (pour Bubullette), c’est quand ces parents, déjà en plein doutes, tombent sur des avis se servant de ce questionnement mi teinté d’angoisse (« Mon enfant est-il normal ? Suis-je normal ? »), mi teinté d’énervement (« J’en peux plus d’ce gosse, dites-moi qu’il va bientôt la boucleeeer ! ») pour vendre UNE attitude, THE attitude à adopter. Sans connaître les ressources du parents, de l’enfant, le contexte.

Petite conversation avec la voisine et hop, on file à la librairie acheter 3 bouquins de Filliozat. Petite dispute avec son « 2 ans chiant », et hop, on check sur Google « Comment puis-je me faire respecter par mon enfant ? » et on tombe directement sur des vidéos du style « Votre enfant vous respectera si VOUS le respectez. ». Ouais. Sympa. Merci. « Edouard, je te respecte pleinement dans toute ta diversité de petit être démoniaque, aurais-tu l’amabilité d’enfiler ton slip AVANT de mettre ton pantalon ? ».

Au lieu de rassurer les parents, de leur permettre de trouver en eux la force nécessaire pour transmettre à leur progéniture les valeurs qu’ILS souhaitent, et assumer pleinement LEURS choix, la société actuelle semble davantage surfer sur la vague de mal-être parental, que ce soit sournoisement dans les publicités (Oulalah, vous avez l’impression de ne pas passer assez de temps avec vos enfants ? Mais non, c’est faux, ils vous aiment, et encore plus si vous leur offrez des Kinder Sur… œufs en chocolat qu’on mange pour avoir le jouet au-dedans), ou plus ouvertement à travers des courants éducatifs, lancés et soutenus par des psycoachs, courants se voulant dominants/parfaits/adaptés à tous, et basés sur des études neuroscientifiques « à transmettre à tout réfractaire », youhou youhou.

C’est parti pour le défoulement Bubullesque…

L’éducation positive : qu’est-ce ?
Véritable religion (on « y croit », on « espère », on « s’y convertit ») l’éducation positive se veut une nouvelle forme d’éducation « qui ne bride plus la spontanéité naturelle de l’enfant, afin qu’il puisse s’épanouir dans la vérité de son être et la créativité de son désir. ». Ainsi soit-il.

Sauf que (première d’une longue suite de critiques, vous m’en voyez navrée) c’est sournois tout plein, parce que, de base, tous les auteurs phares ne sont pas sur la même longueur d’onde (phare, ondes, t’as vu?). Certains estiment qu’il faut laisser l’enfant construire tout seul ses limites, qu’il ne faut surtout pas vouloir des choses à sa place, pour lui (par exemple qu’il fasse des bisous à mère-grand, mais aussi bien qu’il apprenne à lire parce que « décider pour l’enfant ce qu’il doit savoir ou vers quoi il doit tendre n’est pas très respectueux. »).

« Un enfant « bien élevé » n’est pas un enfant soumis, apeuré. L’enfant est spontanément curieux, enthousiaste. Il se mobilise pour ce qui l’intéresse, le motive et ce qui lui paraît juste. Dès tout petit, dès qu’on le contraint, il proteste. Ayons confiance en nos enfants. Entourés de notre bienveillance, ils développeront leurs propres règles intérieures, progressivement, en nous voyant agir. » (Catherine Gueguen)

D’autres voient davantage l’éducation positive comme une façon d’obtenir de l’enfant ce que l’on veut, mais sans user de menaces, en « l’influençant » simplement (utilisation du terme de « coopération »).

« La cause la plus importante de la tension à l’adolescence est que les parents veulent contrôler leurs enfants alors qu’ils n’ont plus aucun pouvoir. Ils se demandent alors ce qui se passe, pourquoi la discipline ne marche plus. La plupart des parents ne se rendent pas compte que l’érosion de leur pouvoir leur a ôté toute forme d’influence sur leurs enfants. A force de se faire obéir par le pouvoir, les parents n’apprennent pas comment influencer leurs enfants. Devenus adolescents, les jeunes peuvent faire tout ce qu’ils veulent en l’absence de tout contrôle et de toute restriction. On accuse alors les parents à tort de se montrer trop permissifs, ils sont simplement des parents autoritaires devenus impuissants. Alors ils s’en mordent les doigts » (Thomas Gordon)

Selon les définitions fournies par les administrateurs des pages Fb que Bubullette a consultées, l’éducation positive a pour but de « vivre et grandir en harmonie avec son enfant », de « faire du bonheur et de la joie de vivre les véritables buts de l’éducation », d’ « accompagner son enfant avec le moins de violences possibles et de façon respectueuse pour chacun », « sans s’énerver », « en supprimant des pratiques éducatives les châtiments corporels (fessées, claques, tapes, etc.) et les violences psychologiques (chantages, menaces, culpabilisations, punitions, isolements et mises à l’écart, etc.) », parce que ces « Violences Educatives Ordinaires », « fessées, punitions, gifles, humiliations, donnent de la dépression, de l’anxiété, de l’agressivité, des troubles de la personnalité, des troubles dissociatifs, des addictions… tandis que quand on est chaleureux avec un enfant, son cerveau mature et l’ocytocine se sécrète. Il devient empathique à son tour. », de « ne pas chercher l’obéissance mais le développement de l’enfant », parce que « faire obéir, c’est manipuler, c’est chosifier l’enfant selon ses désirs d’adulte, c’est nier l’existence même de l’enfant en tant qu’être humain ».

Derrière ces « belles » paroles pavées de « bonnes » intentions, l’excès est de mise pour rallier un maximum de personnes à la cause, afin de faire de la génération future une génération de paix et d’amouuur.

Déjà, s’auto-proclamer « positive », « créative », « consciente », « bienveillante », « non-violente » etc…, ça énerve bougrement Bubullette. Outre le fait d’essayer d’être incritiquable, d’imposer ses idées comme « la base » tout en étant « le but ultime », ces termes ont le don de faire germer davantage de doutes encore dans l’esprit des jeunes parents. Qui voudrait d’une éducation négative, vide, inconsciente, malveillante, violente ? Personne. Mais si l’on ne suit pas les conseils de parents positifs, n’est-ce pas que l’on est négatif ?

Culpabilisation… Les tenants de l’éducation bienveillante ne se gênent aucunement pour estimer que si un parent punit, c’est qu’il n’est pas capable de comprendre son enfant, et même ne le souhaite pas. Si un parent dit « Non. », sans polémiquer pendant des heures, c’est qu’il instaure une relation hiérarchique et aliène son enfant. Comme s’il n’était pas possible de poser des règles, des punitions lorsqu’elles sont enfreintes, sans être à l’écoute de son enfant. Et comme si un comportement, à un temps T, face à une situation donnée, définissait votre style éducatif et le niveau d’importance que vous accordez au bien-être de votre enfant. Sympa, le jugement.

Autre exemple de réflexion manichéenne : les « violences physiques et psychologiques » contre lesquelles lutte l’éducation bienveillante. Les sites faisant l’état des lieux des violences que subissent les enfants utilisent l’exemple d’enfants tués par leur parents, de pratiques éducatives consistant à « frapper un enfant et le plonger pieds et poings liés dans une baignoire d’eau froide », pour faire interdire la fessée, boycotter Super-Nanny, ou même proscrire l’acte-même de punition, de peur que les parents dérapent (« Une fessée n’a jamais tué personne : faux ! », peut-on lire dans une campagne de sensibilisation contre la violence éducative).

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A noter que certains groupes anti-Violence Educative Ordinaire sont encore plus bienveillants que les bienveillants, considérant que l’éducation positive est finalement négative puisqu’elle vise à éduquer. Les anti-VEO souhaitent ainsi, pour certains, mettre tout bonnement fin à l’éducation. Bubullette est tombée des nues dans les pommes sur un groupe « luttant contre toute forme de violence éducative et pour le changement des rapports traditionnellement existants entre adultes et jeunes. Rapports basés sur la domination, la crainte, le « respect » unilatéral et le « devoir d’obéissance » des enfants/ados envers les adultes. », groupe dans lequel vous ne trouverez pas de « conseils visant à obtenir l’obéissance par la « discipline positive » ou le « façonnage en douceur » (éducation positive), toutes ces choses faisant partie intégrante de la violence éducative ordinaire et étant tout autant à combattre que les gifles ou les fessées. ». Défibrillateur, pleaaaaaaaaze ! Ni Dieu, ni maître, mais vive l’enfant-roi ! … mais Bubullette dit ça très probablement parce qu’elle souhaite garder sa suprématie dictatrice du fait de son manque de confiance en elle du fait d’une éducation malveillante (non maman, j’déconne).

L’éducation positive prône ainsi la perfection, la blancheur immaculée parentale, la paix, l’amour, les poutous et les discours bienveillants en réponse à tout ce que peut mettre en œuvre un petit être fourbe enfant. Des papillons dans la voix.
Il est 8h, votre 3 ans refuse de prendre son petit dèj : vous vous posez, parlez avec lui, tentez de comprendre pourquoi il est chiant ce qui est difficile à vivre pour lui, rusez pour lui proposer une alternative (tant pis, vous mangerez ses céréales lors de votre pause de midi), et l’emmenez à l’école avec ½ heure de retard tout en expliquant la chose à la maîtresse, des papillons dans la voix.
Il est 20h, votre même 3 ans refuse de prendre son bain : vous vous posez, parlez avec lui, tentez de comprendre pourquoi il est chiant ce qui est difficile à vivre pour lui, rusez pour lui proposer une alternative (tant pis, ce soir il se couchera cracra mais demain matin, pas le choix ! Enfin, si…), et l’emmenez se coucher 2h plus tard, puis rejoignez votre mari afin de lui narrer votre formidable journée, des papillons dans la voix.

Tout dans l’excès…

L’éducation positive fournit des injonctions de choses à ne pas faire. Ne surtout pas brusquer / crier / punir. Elle donne également des conseils, des recettes toutes faites de comment réagir si :
– votre enfant vous parle mal (mais c’est euh, parce qu’il n’a pas encore acquis, euh… tous les réflexes, euh… de culture de notre société) : ici
– votre enfant de 4 ans tape sa petite sœur (bon, faut pas cautionner, mais il ne faut surtout pas lui dire que c’est pas bien ! Il ne se contrôle pas encore, ça disparaîtra tout seul vers 5-7 ans, courage!) : ici

– votre enfant ne veut pas mettre ses bottes (faites-lui mettre en détournant son attention, surtout ne pas le frustrer hein, même si cela vous oblige à mettre vous aussi des bottes. Absolument pas raccord avec votre tailleur. Mais le bien-être de l’enfant AVANT le votre, parce que VOUS êtes un adulte, alors c’est à VOUS de vous adapter à lui) : ici
– votre enfant ne respecte rien (donc il faut lui donner un choix libre et éclairé, histoire de le couillonner. Et ne surtout pas imposer. Le faire participer aux choix des règles de la maison. Quant à la punition, oulalah, c’est si humiliaaaaant.) : ici

Cependant, si certains font attention aux âges des enfants avant de donner des conseils adaptés face à une colère, et que d’autres essayent de comprendre au mieux le pourquoi du comment de la colère, d’autres encore conseillent la même attitude pour tous les enfants du monde entier, de l’infini et au-delà. Ce qui génère, sur les blogs / forums / groupes, des divergences éducatives assez flagrantes.

« Demande : Mon enfant de 3 ans ½ ne veut pas ranger ses jeux, comment faîtes-vous ?!
Réponses :
– Lâcher prise…. ils sont tout petits…. ranger n’a pas de sens… c’est de la discipline de les faire ranger, c’est vouloir qu’ils obéissent…
– Si moi je veux que ce soit rangé je range si elle m’aide c’est cool si elle veux ranger je peux aussi l’aider mais si personne n’a envie ça reste par terre !
– Je pense que les enfants sont capables et doivent ranger un minimum. ça fait partie de la vie de devoir ranger et je ne trouve pas que ça soit de la discipline mais pour moi du bon sens et de l’éducation.
– Ça dérange les adultes pas les enfants. Du coup ON range et l’enfant aide et si certains jours l’enfant n’aide pas c’est PAS grave. »

« Demande : Ahhhhhhhhhhhhhhh j’en peux plus avec mon fils de 3 ans !!!!!! *décrit une journée de calvaire*
Réponses :
– Quand il doit se déshabiller je lui demande si il veut enlever le pull ou le pantalon en premier. Lui donner l’impression qu il choisit ?
– Je vis la même chose…. horrible ! ?
– Je lui dis « monsieur le roi de la planète des escargots à bretelles, vous voulez une glace en forme de voiture ou une glace à la poudre qui rend transparent? » Il se marre, moi aussi. Et souvent on part dans des histoires sans queue ni tête et il oublie qu’il voulait une glace.
– Est-ce que tu as tenté des compromis? Sans virer au chantage bien-sur !
– Vous connaissez Isabelle Filliozat, Catherine Dumonteil-Kremer , Catherine Gueguen ?
– Il doit être dans une phase de contestation ou d’affirmation.
– Je vis exactement pareil »
(captures d’écrans à l’appui #nobulshitt)

Voilà comment fonctionnent les échanges relatifs à l’éducation positive dans les différents espaces que Bubullette a pu étudier : maman (rarement papa) craque, violemment généralement (« je m’en veux, j’ai craqué, crié !!! », « je pète un câble avec ma 3 ans !! »), le tout teinté d’une déculpabilisation massive des enfants (« 2 ans ½ c’est un peu comme une primo adolescence, ils se sentent bcp frustré », « C’est un âge tellement compliqué », « la grande de 5 ans […] veut, veut pas, veut, veut pas. Je sais qu’elle ne le fait pas consciemment… », « Depuis l’age de 18 mois il est dans l’opposition c’est normal mais cela s’arrête pas », « Les magasins ne sont pas fait pour les enfants, leur cerveau ne peut pas emmagasiner autant d’infos, donc ils sont sous stress et s’agitent et font des crises… »), et d’une culpabilité massive de la maman (« j’en peux plus d’être moi!!!!! », « pourtant je pense tout essayer, mettre du jeu, du temps, moins de cri…mais c’est compliqué!!! Je ne sais plus comment agir avec lui… J’ai essayé plusieurs approches mais cela ne s’améliore pas. »), et mamans-positives soutiennent maman-négative pour qu’elle persévère sur le « Ô combien long et fatigant chemin vers le bonheur et le développement personnel de son enfant ».

Du côté des parents :
Les parents (mamans, ne nous gênons pas pour le dire) les plus à l’aise avec l’éducation positive, ne venant pas « Helper » internet pour savoir « Comment faire pour », et se positionnant comme exemple, semblent avoir un bon niveau de capacité à maîtriser leur calme, à s’introspecter en continu, sont adeptes de méditations de pleine conscience et ont « déjà travaillé sur elles-mêmes ».

Leurs publications sont des tirades critiquant la société dans laquelle nous vivons, ponctuées de « Ainsi désormais il serait bon ton de… », « Je doute fort que l’on puisse régler quelque problème que ce soit en… », … des conseils lectures, des dissertations suite au visionnage de reportages, des publications juridiques, scientifiques…

Les mamans plus en difficulté, appelant à l’aide, semblent avoir des capacités un peu moindres. Leurs messages sont légèrement plus ponctués de fautes qui picotent les yeux et de smileys-chatons-envoyant-des-coeurs-sous-un-bel-arc-en-ciel, mais surtout ces mamans ont l’air :
– de ne plus savoir quoi faire
– d’être « prête à tout » et d’essayer demain le conseil de Bidule1, et après-demain celui de Bidule2
– de se haïr pour garder une image positive de leur charmant bambin qui refuse de s’alimenter/ranger/dormir
– d’être méchamment au bout du rouleau.

L’éducation positive serait-elle un truc d’intellectuels ? De gentils-hippies cultivés ? De personnes suffisamment peace&love/sous médocs pour garder leur calme en toute circonstance ? Si les parents-positifs expliquent comment gérer l’après craquage (en expliquant à bébé que maman était trèèès fatiguée et en lui demandant de leur pardonner), les risques de craquages parentaux semblent grands et d’autant plus dangereux que totalement inconsistants, imprévisibles, et source de culpabilité chez les parents. A force de croire que tous les comportements de leur enfant sont compréhensibles (les témoignages des très jeunes parents que Bubullette entend allant au contraire dans le sens du « J’y comprends rien à ce qu’il me veut. Interprèèèèèète ! ») en lisant des livres, livres qu’ils n’ont pas le temps de lire puisque leur enfant ne fait toujours pas ses nuits à 4 ans, à force de se contenir H24, à force de papillons dans la voix et de « oui mon chéri ? », la grande majorité des témoignages fait état de périodes de « non éducation positive » qui semblent encore plus violentes que la « violence éducative ordinaire », sans parler des très nombreux posts de prévention du « burn-out parental », commençant par « Je sais qu’on est nombreuses à être passées par là à un moment. » (#ventederêve).

« Comment le beau rêve initial du couple, d’avoir un enfant et de fonder une famille, se transforme-t-il en cauchemar ? Au bout de leurs réserves d’énergie, de plus en plus de parents viennent consulter pour dépression parentale : ils arrivent effondrés, vidés, et décrivent l’enfer qu’ils vivent au quotidien. Dès deux ans (voire avant), leur enfant s’agite, boude, s’oppose, et chamboule le foyer. Malgré tout l’amour qu’ils lui apportent, les parents ne parviennent pas à éviter ni son hostilité ni ses caprices. Un sentiment de déception, d’incompréhension et d’injustice prend place, au regard de leur investissement et de leur bonne volonté. Contre toute attente, leur enfant est pénible. » (lu ici)

Sauf que, parole de psy, un parent qui ne va pas bien, c’est un enfant qui ne va pas bien.

Et pourtant, Mme Filliozat, LA star dans le domaine, écrit : « Un enfant n’a pas besoin de parents parfaits, il a besoin de parents suffisamment bons. Un enfant veut rencontrer non un rôle en face de lui, mais une personne, une vraie personne, avec ses émotions et ses propres besoins, ses pensées et ses valeurs, ses compétences et ses limites. […] Toutes les mères sont de mauvaises mères… et de bonnes mères. En fait, elles seraient de meilleures mères si elles ne cherchaient pas tant à être bonnes. ».
A quel moment, donc, ça a dérapé dans la tête des parents ? Et à quel moment Mme Filliozat s’est dit « Tiens, si j’écrivais 20 livres pour apprendre au parent à être lui-même ! » ??

Pour aller encore plus loin, les théories psychanalytiques suggèrent que le parent DOIT être imparfait. Même plus seulement composer avec l’imperfection, mais l’accepter pleinement. Mr Winnicott écrira : « La mère, par une adaptation qui est presque de 100%, permet au bébé d’avoir l’illusion que son sein, à elle, est une partie de lui, l’enfant. Le sein est ainsi dire sous le contrôle magique du bébé. (…) La tâche ultime de la mère et de désillusionner progressivement l’enfant. ».
Désillusionner. Un enfant a besoin d’être, par petites touches et de façon responsable, sans pour autant que soit mis à mal son « sentiment continu d’exister  » (en n’étant pas dans la carence quoi), confronté aux manques, aux frustrations, aux malentendus, pour pouvoir se constituer comme individu à part entière et vouloir aller voir ailleurs si la maman y est  et découvrir le monde. Winnicott parle de « mère suffisamment bonne », « banalement dévouées », de « good enough mother ».

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Mr Sauguet, psychologue (ouais, ça doit être pour ça), dit même que l’éducation bienveillante peut devenir dangereuse : « Quand un enfant se sent au cœur d’une ambition parentale aussi forte que celle qui est véhiculée par l’éducation positive, a-t-il vraiment la possibilité et la liberté de trahir les désirs de son parent ? Je ne le pense pas. Ce renoncement ne peut se faire qu’au détriment de la construction de son autonomie et de sa subjectivité. ».

Enfin, une autre variable permettant la mise en place de façon sereine d’un tel type d’éducation semble être le temps passé auprès de l’enfant. Les questionnements de mamans les plus en difficulté mentionnent souvent des « horaires de travail compliqués », une fatigue professionnelle qui impacte sur la bienveillance. D’autres maman, se positionnant en « sachantes », semblent avoir tout le temps qu’il faut pour négocier / discuter / débattre avec leurs charmants bambins. Et pour prendre du temps pour elles (cours de yoga / sophro et j’en passe). 

Du côté des enfants :
Une chose qui a surpris Bubullette, c’est le nombre de posts concernant des « tests en cours », en vue de déceler si l’enfant n’est pas un surdoué (« HP », « EIP ») qui s’ignore (ce qui expliquerait « le caractère émotif et coléreux qui a empiré depuis l’école »), ou validant un trouble autistique (« TSA ») très léger tellement « qu’il se voit pas » (expliquant « son côté maniaque anxieux »), lorsque ce n’est pas toute la fratrie qui est différente (« Mon 1er enfant HP et TDA, mon 2e enfant hypersensible, mon 3e pareil que mon 1er et mon 4e juste HP »).

L’éducation bienveillante semble beaucoup s’appliquer à des enfants définis comme « hypersensibles » (mot trèèèès fréquent), mais difficile de savoir si le parent met en place ce style éducatif en réponse à l’hypersensibilité de l’enfant, ou si l’enfant devient hypersensible, en réponse au style éducatif du parent…

Les parents se saisissent également d’autres entités diagnostiques pour définir leurs enfants. Ne rentrant (étonnamment) pas trop dans des théories du type « Mon enfant est Indigo, quelle est la couleur du tien ? », les parents-positifs se saisissent néanmoins de certaines nouvelles entités diagnostiques (lancées par des psy-quelquechoses qui étonnamment ont écrit beaucoup de livres à vendre) pour expliquer et valider le comportement de leur enfant. Bubullette a ainsi découvert une nouvelle entité diagnostique pour définir les « bébés épuisants » : le Bébé Aux Besoins Intenses (pas encore dans le dernier manuel diagnostic, mais ça va probablement venir aussi, juste là, entre le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité – TDA/H – et le Trouble Oppositionnel avec Provocation – TOP -) : des bébés « jamais satisfaits, qui pleurent tout le temps, qui sont hypersensibles, hypertoniques, hyperactifs […] angoissés par la présence d’étrangers […], ont besoin qu’on réponde à leurs demandes tout de suite […] peuvent réagir violemment à la séparation […], qu’aucun doudou ne calme, qu’aucun jouet ne divertit […], dont les réactions sont imprévisibles […] qui veulent toujours les bras mais raidissent leurs membres quand on le porte […], qu’un rien ne réveille, … » (article ici, partagé par une maman positive et commenté par pleiiin de mamans qui ont un enfant (et non plus un bébé… !) similaire à la maison). Loin de Bubullette l’idée de tout pathologiser, mais si un parent consulte pour un enfant qui présente ces comportements, chez nous il y a de fortes chances pour que l’on s’inquiète quand même un peu. Genre un p’tit attachement insécure ambivalent. Qui ne permet absolument pas ce que désire l’éducation positive, puisqu’il « limite les potentialités de développement optimal, en particulier la négociation des conflits, le confort émotionnel, la liberté cognitive et la qualité des relations sociales proches. »…

En termes de théories, l’éducation bienveillante mise sur le postulat que les enfants sont bons par nature, ne faisant jamais de caprice délibéré (c’est juste que l’environnement lui envoie trop d’informations, donc du coup il veut maîtriser au moins un truc en s’emparant du sachet de bonbons, oui oui), du moins avant 5-6-7 ans. Parce que :

« Le « caprice » tel qu’on l’entend induit la notion de manipulation : l’enfant se mettrait dans tous ses états pour obtenir ce qu’il veut. Or avant l’âge de 4-5 ans, c’est tout simplement impossible : il n’en a tout simplement pas les capacités intellectuelles. Un test simple consiste à prendre une boite à forme et à demander à l’enfant d’insérer une forme dans le trou correspondant. S’il doit tester avant de trouver le bon trou, s’il ne réussit pas du premier coup à chaque fois, s’il ne parvient pas à formuler verbalement la bonne réponse, alors il n’est pas capable de manipuler ses parents. ».

Ah ? Curieux…
Et après 5 ans, ce n’est pas non plus un caprice, parce que :

« Lorsqu’un adulte a soudainement une réaction disproportionnée, ses proches vont dire qu’il a eu une mauvaise journée, qu’il est tendu en ce moment parce qu’au travail ce n’est pas facile, qu’il a besoin de se reposer ou de prendre du temps pour lui. Lorsqu’un enfant a une réaction disproportionnée, c’est un « caprice ». ».

Alors, ok, ça se tient, mais faudrait voir à ce que différencier « caprice » (intentionnel) et « crise » (non intentionnel) ne légitime pas la relou-terie de l’enfant. Parce qu’une fois adulte, la dame a beau dire que l’entourage est aimant et compatissant, toute « réaction disproportionnée » n’est pas tolérée, sauf si vous voulez passer pour « l’hystéro de la boîte », ou « la fille qui tire la gueule », ou « la chieuse du coin ». S’agirait, justement, d’apprendre tout petit que ce genre de comportement n’est pas acceptable. En public. (Parce qu’en privé, avec l’homme, Bubullette se lâche. Mais il sait comment y faire pour la calmer. Un coup sec derrière la nuque un gâteau et c’est reparti !).

Paradoxalement, si l’éducation bienveillante n’attribue pas d’intentionnalité aux comportements problématiques des enfants, ses tenants sont très (trop?) au fait de « comment est le cerveau d’un 1/2/3/4/5 ans », ne se questionnant à aucun moment sur la possibilité que l’enfant de la dame qui demande de l’aide soit un peu neuneu en retard. Selon les éducateurs-bienveillants, les enfants sont tous fort intelligents, de vrais « petits scientifiques », ayant besoin de tout expérimenter par eux-même. Il est par exemple conseillé de laisser l’enfant décider puisqu’il sait ce qui est bon pour lui, ou, au pire, d’au moins lui proposer des choix. Marrant parce que Bubullette, elle, rencontre pas mal d’enfants qui aimeraient bien que leur parents fassent des choix pour eux, histoire d’arrêter d’angoisser. Peut-être parce qu’ils n’ont pas été habitués jeunes à faire des choix. Peut-être parce que faire des choix, trop de choix, en l’absence de conseils, c’est avoir l’impression de ne pas pouvoir compter sur autrui et être toujours seul face à soi-même. Btw, selon Mr Piaget, la capacité à faire un choix réfléchi ne se fait qu’à partir du stade opératoire concret, à savoir entre 6-7 ans et 11-12 ans. Avant ce stade, l’enfant est un gros noob qui pense qu’il y a plus de liquide dans une bouteille debout que couchée parce que l’eau est plus haute, alors même que l’on a couché la bouteille devant leurs yeux. T’en dis quoi de ça, hein ?

A croire que l’enfant est maître de son destin, on en vient à des raisonnements que Bubullette trouve aberrants, de parents qui interrogent la nécessité ou non que leur enfant (qui court partout et n’a pas conscience du danger) leur tienne la main lorsqu’ils se promènent le long de routes, envoient méchamment paître les personnes qui donnent des conseils pour arrêter l’allaitement (« Le sevrage n’est pas une solution mais une frustration pour l’enfant. Je pars du principe qu’à sa naissance nous n’avons pas laissé le choix au bébé de prendre le sein… Il s’attache, aime ce lait, ce contact, ce réconfort et parce qu’un jour on décrète que cela ne convient plus à la mère on le sèvre de force… Je suis vraiment contre cela. Je dors très peu ma fille de 12 mois bientôt se réveille encore 3 fois par nuit et mon 29 mois à 5h il est levé pour sa téter… mais c’est comme ça j’assume mes choix. Si vous ne culpabiliser pas et que cela vous semble normal, après tant mieux mais ce n’est pas un bon conseil… ») à une maman qui demande réellement des conseils pour arrêter l’allaitement (parce qu’avec un enfant de 28 mois qui veut téter « TOUTE la nuit j’ai bien dit TOUTE la nuit, sans quoi larmes et hurlements », la dame elle n’en peut plus), ou répondent allègrement à la question « Bonjour, pour ou contre les barrières de sécurité pour les escaliers? » par « Je suis contre car c’est en laissant l’enfant expérimenter et apprendre à monter/descendre les escaliers qu’il saura se débrouiller et ainsi ne pas tomber. Si on lui empêche l’accès, le jour où il trouvera un escalier sans barrière, il risque de tomber. ». La sélection naturelle a sûrement été inventée par un mec bienveillant. Malheureusement pour vous, Bubullette a, elle aussi, un livre de Mme Filliozat dans lequel il est clairement stipulé « Le parent connaît toutes sortes de dangers que l’enfant ne mesure pas, il porte la responsabilité de sa santé. Son rôle est clair, il doit assistance et protection à l’enfant. » (Il me cherche, page 119). Alors s’agirait quand même d’arrêter les conneries.

L’éducation bienveillante accorde une place énoooorme à l’enfant, avec des adaptations multiples et illimitées : « Mon enfant aussi est hypersensible. On a enlevé tous les jouets susceptibles de faire une crise. Quand du monde venait on restait à tour de rôle avec lui dans sa chambre enfermé. ». Eviter les conflits à tout prix. Comme si la vie, la vraie, n’était que paix, amour, licornes et paillettes. Mais dehors, c’est l’vrai monde ! (la citation entière ici). Et oui, il y a de la méchanceté, des personnes malveillantes, des contraintes, des limites, … et ne pas y confronter l’enfant dans un cadre familier, c’est peut-être ça, la malveillance. Parce que JUSTEMENT, c’est dans un cadre stable, rassurant et aimant, qu’il faut que l’enfant expérimente les conflits, apprenne, grandisse. Sinon c’est quoi la suite ? On le laisse se casser la figure hors foyer afin qu’au sein de la maison ce ne soit qu’un havre de paix ? « Aurais-tu l’amabilité d’enfiler ton slip AVANT de mettre ton pantalon, ou souhaites-tu que je te laisse comprendre par toi-même que les normes sociales sont également là pour te protéger des railleries de tes petits camarades, railleries évidemment inadmissibles mais, vois-tu, ils n’ont pas été élevés de façon « positive », j’en suis navrée. ».
Parce que c’est joli hein, l’amour familial, le bonheur inconditionnel, mais si c’est pour que l’enfant pète un câble face au rythme d’une journée « normale » (assez soutenu il faut l’avouer, surtout vu les multiples activités périscolaires « nécessaires à l’épanouissement de l’enfant tu comprends »), si c’est pour que l’enfant cherche les limites par ailleurs, si c’est pour qu’il se fasse dominer/railler par ses petits camarades, c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’au coude que de dire « Blablabla c’est pour son bien blabla épanouissement personnel »… A quel moment le gnome-positif sera-t-il en mesure de se confronter aux sentiments négatifs de gnomes-négatifs ? Le sera-t-il ? Alors certains parents font l’école à domicile, comme ça pas besoin d’y réfléchir. D’autres se sont posé la question, sur l’un des forums que Bubullette suit :

« Quand vous éduquez votre enfant à la Bienveillance et à l’honnêteté et que à l’adolescence il se fait agresser un soir par des malveillants ….comment dire ….voilà que la haine de l’adolescent se réveille. Pourquoi ces gars veulent se rendre si importants avec des menaces et à vouloir faire peur… Aucune intelligence du cœur… ».

Les parents-bienveillants proposent plusieurs solutions : cours d’aikido pour se défendre sans faire de mal, cours de Krav-Maga ou Semi-full-contact (semi ou full du coup?) parce que « avec certains il faut savoir taper plus fort », mais aucun ne note l’aspect « haine qui se réveille ». Le mec se transforme en Hulk et tout le monde s’en fiche. Ok, soit.

Bubullette aime bien les propos que Mr Pleux avait tenu à une conférence : « Le critère d’une bonne éducation est lorsque l’enfant est heureux… AVEC LES AUTRES. » BOUM !

Du côté des… papas ?
Certains sont partis, d’autres ne sont pas là (pas mal de papas militaires, étonnant ça aussi), mais la grande majorité de ceux qui sont présents au quotidien ne semble qu’être une entrave à l’application des bons préceptes bienveillants.

« Son père n’est pas dans l’éducation bienveillante, moi oui (depuis peu), c’est très conflictuel ! Quand elle se trouve qu’avec son père tout va bien ou bien avec moi aussi mais, si nous sommes tout les 3 c’est le désastre.
– Mon homme vient de me jeter à la figure « ton éducation bienveillante j’y crois pas  » mais c’est pas une religion ! Je lui ai parlé des neurosciences de Montessori… Je suis à cours d’arguments il dit que je radote. Help !
– Le mien on est pas sur la même longueur d’onde et c’est difficile de gérer nos différences dans l’éducation. C’est souvent source de dispute. C’est simple depuis que notre fils est né on se dispute toujours par rapport à un truc c’est l’éducation. Il trouve que je suis trop laxiste et que je lui passe tout.
– Finalement ça pleure, ça crie, on est complètement stressés et mon mari et moi finissons par nous engueuler… »

… suivis de conseils du style « Tu ne peux pas convaincre les autres. », « C’est en te voyant faire qu’il aura peut être le déclic  », ou même de partage d’articles expliquant pourquoi les hommes sont si violents (ici). Wow. Mesdames, à quel moment vous estimez être seule maître de votre navire familial ? Vous avez la chance d’avoir un papa qui s’investit dans l’éducation de votre enfant, et vous le bridez allègrement ? L’éducation, c’est déjà LE sujet polémique de nombreux couples, et les divergences éducatives une des causes des comportements de votre enfant. Quid de la « team parentale ? ». La bienveillance ne s’applique donc qu’à votre gentil bambin ? Ayez au moins la décence d’en parler avec votre conjoint et de penser des compromis. A moins que vous ne vouliez faire couple… avec votre enfant… ?

En bref, …
L’éducation positive est un « courant de pensée » regroupant de tout (même du « bon » !) et du n’importe quoi, sous couvert de « On fait mieux que vous parce qu’on est bienveillants, na. ». Plus qu’une méthode, cela ressemble davantage à un cafouillis de méthodes qui se veulent stempelisées… Jajaja l’Alsace !… être certifiées « bienveillantes », allant de la façon d’éduquer (pour ceux qui acceptent ce mot), à la façon « bienveillante » de parler à son enfant lorsqu’il vous a vomi dessus (c’est ici), aux activités « bienveillantes » (Montessori RPZ), aux écoles « bienveillantes », le tout pour une « société bienveillante ». Ces méthodes sont proposées et défendues corps et âme par des parents souhaitant que leur enfant « devienne qui il est », dans une sorte d’injonction au bonheur, parents rejetant pourtant leur être-fondamental, tuant leur propre vécu éducatif, allant à l’encontre de leurs élans pulsionnels.

Histoire de finir sur une note « positive » : UN article (sur la bonne grosse soixantaine lus) qui n’a pas fait bondir Bubullette de sa chaise et lui a même fait plaisir, car faisant coïncider désirs de l’enfant, réalités du quotidien, accords de couple et écoute de soi-même. L’article est ici (clic), sur un blog intitulé « J’arrête de râler » (tiens donc…).

Et pour reprendre les propos d’une blogueuse-maman (ici) qui s’est essayée à l’éducation bienveillante :

« Moi qui pensais découvrir un monde merveilleux fait d’écoute, d’empathie, de bienveillance et de douceur, je me retrouve parachutée dans un univers où les « Il faut laisser bébé pleurer sinon il va te tyranniser. » sont devenus des « Il ne faut pas laisser bébé pleurer, sinon plus tard il sera Serial Killer. ». Pol Pot ou Guy George, choisis ton camp, jeune parent ! ».

Alors, chers jeunes parents, s’il vous plaît, cessez un peu de vous faire autant violence et d’ignorer autant votre spontanéité. Que votre éducation soit principalement le fruit de la rencontre spontanée avec votre petit-être, et non pas de 6 livres, 13 conférences et 47 échanges forumesques. Parce qu’une éducation créée de toute pièce, apprise, incohérente et non-incarnée est, je Bubullette pense, la pire des éducations… C’est dit !

Enfant + écran = Bubullette à cran.

Olah mes lecteurs favoris !

Bubullette prend quotidiennement le tram (… et le train… puis le bus…) pour se rendre à son boulot chéri. Et qui dit « transports en commun » dit « voyager avec le commun des mortels ». Et même si Bubullette aime profondément la nature humaine, ce n’est pas toujours jojo.

Bubullette a fini par s’habituer à ceux qui parlent fort, très fort : les petits jeunes (oh la vieille…) qui beuglent parce qu’ils semblent déjà bien sourds ou souhaitent que les petites jeunes, également bien sourdes apparemment, entendent leurs « exploits » et daignent prendre en considération leur triste existence. Les papys (oh la p’tite jeune…) qui sont réellement un peu sourds et tentent de se faire comprendre par les mamies, un peu sourdes elles aussi. Les mecs un peu bourrés / drogués / pas tout frais qui s’adressent à quelqu’un d’inexistant, mais apparemment totalement sourd également. C’est un fait, les gens ne savent plus communiquer posément. Mais ça, Bubullette le vit presque bien.

Ce que Bubullette a beaucoup de mal à bien vivre, en revanche, c’est l’absence totale de communication. Non pas uniquement parce que « l’être humain est un être de langage », et que donc ce n’est pas normal qu’il la boucle, mais parce que le silence en dit long (notez le jeu de mots, ohohoh) sur notre société et ses maux. Ou plutôt, SON mal : le smartphone ! Ouais ! Parfaitement ! Et Bubullette ne dit pas ça par jalousie parce qu’elle a un vieux Nok… téléphone réputé pour son incassabilité, tout pourri. Non non non.

Bon, le téléphone entre adultes consentants, ça passe encore. Bien que ça amène parfois à des situations un peu…portable-2

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Mais passons. Non, ce qui la sidère le plus, c’est le téléphone « intergénérationnel ». Ce moment gênant où bébé crie à en faire péter les vitres, mais où sa maman doit d’abord finir sa partie de Candy… d’alignement de bonbons sur fond de musique répétitive. Ce moment énervant où, pour calmer / occuper son enfant, en anticipant un éventuel caprice, papa lui tend son portable. Ce moment où la seule réponse envisageable aux « Da ? Da ? Da ?! » répétés de babychou, est de lui tendre l’Objet. Même pas encore désiré. Sur lequel il va baver. Bien qu’il soit « déjà tellement doué avec les écrans ! BIEN meilleur que nous !! Probablement un p’tit génie incompris ».

Oui, sauf que non. Au-delà du danger présumé des vilaines ondes sur le cerveau pas fini de bébé, ce n’est juste pas normal (qu’est-ce que la normalité?) positif que babychou sache retrouver ses vidéos favorites sur Youtube, qu’il soit prêt à vendre père-mère-doudou&tétine pour avoir accès à un écran, ou encore qu’il supporte 3 heures de Peppa Pig sans broncher.

L’ « addiction aux écrans » est l’une des raisons fréquentes des consultations chez bibi, lorsque l’« ado relou de 14 ans » squatte le PC après le lycée, et passe à la tablette quand on lui ôte son PC, et au téléphone quand on lui confisque la tablette. Mais étonnamment, le même comportement chez un enfant de 4 ans ne dérange guère. On l’y encourage, même ! (Point info : il existerait dorénavant une « maladie », dont les symptômes sont à peu près similaires à une attaque de panique, qui se déclarerait lorsqu’on est séparé de son portable → checkez « nomophobie » sur Google-votre-ami :)).

Adieux M. Ennui, Mme Frustration, et vos enfants Imagination-Débordante et Relations-Sociales-Épanouies, bonjour Pauvreté-de-Pensée, Retraits-Relationnels, Toute-Puissance et Surconsommation. Bon, Bubullette abuse un peu, ce n’est pas tout mauvais, comme le note l’Avis de l’Académie des Sciences de 2013 (clique ici : chapitre 8 et plus si affinité).

Bref, de la « génération Y ultra-connectée à la virtualité » que nous sommes, nous tendons rapidement et sûrement à donner naissance à une « génération Z ultra-déconnectée des réalités », et ça, c’est vraiment pas jojo, parole de psy (qui voit des enfants vraiment pas biens du tout…) !

Mais cessons les jérémiades, place à l’action : comment remédier à ces situations de non-interaction transport-en-communteuses ?

De sa modeste place de Bubullette, Bubullette voit quelques solutions :

  • écrire un article sur son blog : check
  • créer des affiches de sensibilisation : euh… micro-check (Si quelqu’un de talentueux veut se lancer…!)

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  • œuvrer au quotidien : jamais assez de checks !

Bubullette, souvent peu réveillée (début de journée) ou bien bien fatiguée (fin de journée) lorsqu’elle prend les transports en commun, n’en a d’autant plus rien à faire du regard des autres ET pas envie d’entendre un gnome hurler à la mort. Du coup, elle se rapproche très souvent de la boîte-à-cris-sur-pattes et, par là même, de son géniteur-accompagnateur, et elle s’incrustre un chouilla dans la dyade parent-enfant pour faire deux-trois actions / glisser deux-trois p’tites phrases qui pourront, peut-être, être entendues :

portable-1interagir avec bébé lorsqu’il réclame l’attention du parent-au-portable (ce qui a pour conséquence soit de calmer le gnome – et d’intriguer le parent -, soit de le faire un peu flipper, changeant la tonalité des pleurs – et d’intriguer le parent -) ; rendre l’air de rien le portable au parent après que le gnome l’ait fait tomber (parce que peut-être qu’ils sont doués pour tapoter/slider/tactiler, mais dans le genre manchots ils se posent là ! Remarquez, vu la taille des téléphones « portables » actuels, heureusement que l’épigénétique ne permet pas encore aux bébés de les tenir à une main, sinon bonjour les monstres…) et dire « Ah, désolée, je croyais qu’il était à vous *sourire naïf*. » s’il s’empresse de le rendre à babychou ; essayer de réorienter l’attention du gnome-au-portable vers sa maman en échangeant avec elle (il y a un âge où bébé-roi veut prioritairement et exclusivement ce que les autres veulent) ; rendre attentif le parent à certains éléments un peu flippants s’il y en a (désintérêt total pour son environnement quand bébé est sur le téléphone, crise majeure lorsqu’on lui enlève, …) à travers des petites boutades (type Mme qui veut donner un biscuit à baby-tellement-chouté qu’il ne le voit même pas : « Bouof, dans quelques mois il saura comment s’en acheter en ligne, ahah ! ») ; s’adresser à l’enfant pour transmettre un message au parent… Le but n’étant aucunement de culpabiliser le parent, mais bien de noter l’aspect in-anodin de filer son smart-phone à son pas-encore-smart-enfant.

Parce qu’un bébé sur un téléphone ça peut être mignon tout plein quand il a l’âge de blablater et d’avoir accès au « jeu de faire semblant » (clique), mais ça peut tout aussi bien être exaspérant (clique)  voire carrément flippant (clique).

Alors, si vous aussi, êtes sensibles à cette cause, et qu’il vous arrive de sortir de chez vous et de croiser des gens, n’hésitez pas non plus à avoir le toupet de vous engager. Au pire, vous vous ferez gentiment remballer par le parent, qui racontera votre sans-gêne à ses amis, qui le raconteront à leurs amis, jusqu’à ce que l’un d’eux réponde « Ah parce que tu laisses ton portable à ton 2 ans toi ? », et bim badaboum, retour à l’expéditeur, emballé c’est pesé, doctissimo / allobebe / magicmaman seront consultés, et réfléchiront à leur tour aux bienfaits / méfaits des écrans pour bébé !

Si vous voulez, on peut même faire une asso / un site / une page Facebook / un ordre / une confrérie ! Après tout, il existe bien une « Confrérie du Véritable Flammekueche d’Alsace », alors… Manifestez-vous !

Bon appétit bien sûr, et bon week-end !